Être à la pointe de la défense des LGBT : l’histoire de Karrie

Après avoir vécu la plus grande partie de sa carrière sans avouer son homosexualité, la vie de Karrie Trauth a changé lorsqu’elle a postulé pour un poste chez Shell et a eu sa première réunion avec Grahaeme Henderson, vice-président du service Shipping and Maritime.

Elle a eu le courage de lui dire qu’elle avait entendu parler du rôle par sa partenaire et a constaté avec étonnement que Grahaeme n’a pas été surprise du tout. Cette première expérience a non seulement confirmé que Shell était une entreprise inclusive, mais que cette valeur était également vécue par les cadres supérieurs.

Aujourd’hui, en sa qualité de directrice générale de Shipping and Maritime Technology and Innovation, Karrie estime qu’il est de son devoir de leader de continuer à créer un environnement où les gens se sentent en confiance d’être ce qu’ils sont.

Avant d’arriver chez Shell, je n’avais pas réalisé la quantité d’énergie que je dépensais pour cacher qui j’étais à mes collègues. Travailler de longues journées sur des problèmes complexes est déjà assez épuisant; c’est doublement épuisant quand on ne peut pas être soi-même.

Je suis un ancien architecte naval de la marine, un concepteur de navires, et dans la marine américaine, il y avait une politique du « don’t ask, don’t tell » en matière de sexualité. Vous ne disiez à personne que vous étiez gay, et vous n’agissiez pas d’une manière qui pourrait révéler le fait que vous étiez gay.

Après l’université, j’ai obtenu une bourse pour travailler dans la marine. Je crois encore aujourd’hui que c’était une opportunité de carrière incroyable qui m’a fait connaître mon secteur que je n’aurais pas eu autrement.

J’ai pris l’habitude de désigner ma partenaire comme mon « amie » pour mes collègues de travail et d’annoncer que mon « amie » serait celle qui viendrait avec moi aux événements professionnels. Mes collègues et mes patrons ne savaient pas grand-chose de ma vie familiale et personnelle, ce qui a contribué en partie à ce que mon équipe pense que l’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée était très mauvais.

J’ai ensuite passé un an à diriger un petit chantier naval, et chaque mois, l’entreprise mettait en avant un aspect différent de la diversité. Pendant le mois de la sensibilisation aux LGBT, ma secrétaire, la personne qui collaborait le plus étroitement avec moi, retirait les affiches pour éviter de m’offenser. C’est dire à quel point je dissimulais mon homosexualité.

Quelques années plus tard, ayant pris l’habitude de ne pas montrer totalement qui je suis au travail, ma partenaire, qui est employée par Shell, m’a informée d’une offre d’emploi dans l’entreprise qui me donnerait l’occasion d’utiliser mes compétences techniques tout en découvrant un nouveau secteur.

Lorsque j’ai rencontré en personne pour la première fois le vice-président du service et lorsqu’il m’a demandé comment j’avais entendu parler de ce poste, j’ai marqué une pause et j’ai expliqué que c’était par l’intermédiaire de ma partenaire, et qu’elle ( elle ) travaillait au service de la politique centrale des ressources humaines. Quand il a continué l’entretien complètement normalement, j’ai su que j’avais enfin trouvé un environnement de travail où je pouvais être moi-même. Je n’ai plus besoin de me cacher.

Depuis que je travaille chez Shell, j’ai réalisé à quel point les membres de la communauté LGBT+ gaspillent leur énergie émotionnelle ayant l’impression qu’ils doivent dissimuler leur nature au travail. Statistiquement, les employés sont 20 à 30 % moins efficaces s’ils ne sont pas eux-mêmes au travail. Il est donc extrêmement important que les entreprises donnent la priorité à un environnement inclusif si elles veulent atteindre une productivité maximale.

Shell est excellente dans ce domaine, mais je sais pertinemment qu’il y a encore des employés qui cachent leur homosexualité, et bien que les cadres moyens soutiennent significativement les LGBT+, je pense que l’impact est plus important lorsque les cadres supérieurs d’une entreprise sont les plus grands défenseurs de l’inclusion.

Cela m’a vraiment frappée lorsque, lors d’une conférence LGBT+ à Amsterdam, le président de notre conseil d’administration était présent et s’est montré très engagé. Le fait de voir quelqu’un de la direction générale s’informer davantage sur les sujets LGBT+ a envoyé un message fort au personnel LGBT+ qui était présent en tant que délégué d’entreprise.

Je crois que mon devoir en tant que dirigeante est de créer un environnement où les gens se sentent en confiance d’être qui ils sont. Cette conviction m’a motivée, dans le cadre de mon propre leadership, à servir de modèle à d’autres employés qui pourraient encore hésiter à révéler leur homosexualité. Je me force souvent un peu à m’exprimer sur ce sujet , parce que quelqu’un pourrait avoir besoin d’entendre ce message aujourd’hui : il est normal d’être soi-même et nous vous soutiendrons.

J’espère que mes actions encourageront d’autres dirigeants à faire de même.